Sèdégnon Fiacre Hermann ADIFON

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Dans le cadre de ma thèse de doctorat, j'ai étudié les facteurs édaphiques, climatiques et agronomiques influençant la productivité des plantes à racines et tubercules, en particulier l'igname. En effet, les ignames (Dioscorea ssp.) dans les zones tropicales constituent une source essentielle d'alimentation et de revenus pour les populations. Au Bénin, l'igname est l’une des composantes essentielles de l'agriculture. Elle est la deuxième culture vivrière après le manioc et est cultivée en moyenne sur 8% à 10% des terres agricoles emblavées. L'igname est également au Bénin, une culture vivrière stratégique pour la sécurité alimentaire en ce sens qu’elle représente une source importante de calories dans le régime alimentaire de la population et un aliment de base (270 kg/hbt/an). La production  d’igname est aussi très rentable avec des marges brutes de 300 000 à 500 000 FCFA par ha pour certains cultivars à haute valeur ajoutée, sans compter ses différentes chaînes de valeur, y compris la transformation des tubercules en farine qui fait l’objet vers les États-Unis et l’Union européenne au cours des dernières années. Malgré l’importance alimentaire, économique et socio-culturelle de cette plante à tubercules au Bénin, les systèmes de culture à base d’igname demeurent largement extensifs et itinérants sur défriche forestière contribuant à la dégradation effrénée du couvert végétal, à la perte de biodiversité et à terme, à la dégradation des sols. En outre, certaines contraintes entravent la production des ignames au Bénin malgré son importance et l'émergence de certaines chaines de valeurs. Il s'agit notamment de 1)- la saturation de l'espace entraînant une réduction drastique des jachères de longue durée et des défrichements forestiers dans certaines régions du pays limitant du coup la production des ignames; 2)- la perturbation de la biodiversité des sols et la dégradation des terres due à la production extensive de l'igname basée sur la culture sur brûlis ; 3)- la stagnation et la faiblesse des rendements actuels (7-12 t/ha) par rapport aux rendements potentiels de 20 à 40 t/ha; l'insécurité semencière et l'indisponibilité des marchés d'approvisionnement en semences. 4)-le changement climatique qui représente de nos jours, une source d'inquiétude et une menace pour la production agricole et d'igname.

Face à ces contraintes, il était urgent de développer des techniques alternatives de production durables. Ainsi au cours de ma thèse de doctorat, nous avons eu l'occasion de sélectionner, par ordre de priorité et d'importance, les paramètres à rechercher afin d'améliorer l'état physique, chimique et biologique susceptible d'accroître la production d’igname en culture sédentaire. A la suite, des systèmes d’optimisation des rendements pour la culture non itinérante ont été définis à l'aide du plan Box-Behnken Desing (BBD), combinant quatre (04) facteurs et générant 29 traitements. Ensuite, une évaluation des performances des effets des interactions entre les différents facteurs combinés (traitements) sur le rendement de la variété d'igname Laboko de Dioscorea rotundata et la validation des systèmes de culture constitués ont été réalisées en milieu paysan dans la zone centrale du Bénin.

Nous avons en outre proposé des systèmes de culture avec l’intégration de légumineuses herbacées ou arbustives et de graminées dans le système de production durable d’igname ; la production de l’igname et intégration de l’élevage ; des pratiques agroforestières (intégration du Gliricidia dans le système de culture d’igname, la production d’igname dans les vieilles plantations d’anacardier en rotation avec des plantes améliorantes dont le Mucuna et ou le Brachiaria) ainsi que des systèmes d’assolement-rotation à base d’igname.